Giovanni Boccaccio
Giovanni Boccaccio (en français Jean Boccace, mais le plus souvent simplement Boccace) est un écrivain italien né en 1313 à Certaldo et mort le 21 décembre 1375 dans sa ville natale.
Boccace est le fils naturel d’un important homme d’affaires, Boccaccino di Chelino, originaire de Certaldo et résidant à Florence et qui, lié à la compagnie des Bardi, société particulièrement puissante à Naples, a effectué plusieurs voyages à Paris. Boccace le suit en 1327 dans cette ville pour des études de droit canonique. Bien que le droit et le commerce l'intéressent peu, il s'intègre facilement à la cour du roi Robert de Naples où il a l'occasion de se lier avec des nobles de la cour de la Maison d'Anjou. Là, il commence également à cultiver ses connaissances littéraires, il lit les classiques latins, la littérature chevaleresque française, Dante et Pétrarque. Il commence également à rédiger ses premiers textes d'inspiration courtoise, en prose, comme le Filocolo, ou en vers, comme le Teseida. Il compose également un poème épique sur la guerre de Troie : le Filostrato. Enfin, c'est à Naples qu'il vit sa première passion amoureuse pour une dame qu'il surnomme Fiammetta.
À la fin de l'année 1340, il rentre à Florence en raison de la faillite des Bardi. Le retour est douloureux : Boccace est triste de quitter Naples et se retrouve dans une situation économique difficile. Cependant, il rencontre Pétrarque avec qui il se lie d'amitié. Dès sa jeunesse, il s'est occupé de poésie ; son admiration pour Dante ne lui permettant pas d'aspirer au premier rang parmi les poètes, il s'est flatté d'obtenir le second mais dès qu'il connait les poésies italiennes de Pétrarque, il perd tout espoir et jette au feu la plus grande partie de ses vers lyriques, sonnets, chants et autres poésies amoureuses. Il continue cependant d'écrire : La commedia delle Ninfe relate les amours d'une nymphe et de son berger, d'autres œuvres, l'Amorosa visione, le Ninfale d'Ameto et le Ninfale fiesolano plus allégoriques, l'Elégie de dame Fiammetta est le récit de style autobiographique d'une jeune Napolitaine trahie par son amant.
En 1348, Boccace assiste au ravage que la peste provoque dans toute l'Europe. C'est peut-être cette pandémie qui le décide à rédiger son chef-d'œuvre : le Décaméron. L'œuvre est un succès et se propage très largement après 1353. Elle lui vaut la reconnaissance de ses pairs et l'offre de nouvelles missions intéressantes par le gouvernement communal de Florence. Dans cette même ville, il va occuper la chaire qui vient d'être créée pour l'explication de Dante.
En 1362, suite à la malédiction d'un moine chartreux, Boccace vit une profonde crise religieuse et se retire en solitaire dans le domaine paternel de Certaldo. Il va jusqu'à faire le projet de détruire tous ses manuscrits, mais Pétrarque l'en dissuade en le convainquant qu'il doit faire pour la prose ce que lui-même a fait pour la poésie. Bientôt, par ses ouvrages, Boccace va se placer au-dessus de tous les prosateurs italiens dont il restera longtemps le modèle. La même année, il est accueilli par Niccolò Acciaiuoli au castello di Montegufoni.
Entre 1365 et 1366, Boccace rédige le Corbaccio, œuvre qui reprend la tradition de la satire misogyne de façon moraliste. C'est le dernier ouvrage qu'il rédige en toscan. Encouragé par Pétrarque avec lequel il entretient une correspondance suivie, il revient au latin et compose divers traités, des biographies, des églogues et des épîtres. Il vénère Dante et lui consacre un Trattatello in laude di Dante et des Esposizioni sopra la Commedia di Dante.
Retiré à Certaldo, il vit la fin de sa vie dans la misère. Enfin, en 1373-1374, il est invité par la ville de Florence à faire la lecture publique de la « divine comédie » de Dante dans l'église Santo Stefano di Badia. Mais sa mauvaise santé le contraint d'arrêter et il meurt à Certaldo en 1375, un an après la disparition de Pétrarque.
Si Dante est considéré comme le fondateur de la poésie italienne, Boccace est généralement admis comme le créateur de la prose italienne.
Une stèle en marbre, qui le représente sur l'allée centrale de l'église de Certaldo Alto, lui rend hommage bien que ses écrits l'aient voué aux récriminations de la population en son temps.
En 2011, le nom de Boccace, qui fut l'un des précurseurs de ce genre littéraire qu'est la nouvelle, a été donné à un prix littéraire français, le prix Boccace, qui récompense un recueil de nouvelles publié en langue française au cours de l'année écoulée.